Pour comprendre les hauts et les bas de la préoccupation sanitaire sexuelle chez les gays, il est important de comprendre avant tout les comportements intimes des homosexuels, trop souvent ignorés, et également, les positions prises par les gouvernements à ce sujet.
Les comportements sexuels des gays
Dans la vision générale, l’homosexuel est souvent perçu comme un homme ne recherchant pas de relation stable et jonglant d’un partenaire à un autre. Ce point de vue étroit du milieu gay ne colle pas forcément à la réalité. On dénote chez les gays, comme chez les hétéros d’ailleurs, diverses catégories de comportements sexuels :
– ceux qui recherchent des relations d’un soir pour le plaisir, notamment parce qu’ils ne désirent pas se poser en couple
– ceux qui enchaînent les relations d’un soir en pensant qu’ils tomberont un jour amoureux de l’un de leur partenaire
– et ceux qui recherchent d’abord des relations sérieuses, et cherchent à tomber amoureux avant d’avoir des rapports intimes.
Les comportements sexuels gays sont donc tout autant victimes de préjugés que les gays eux-mêmes. Perçus comme des amoureux de la fête, de la drague, et des plans sexuels, les gays ne collent pourtant pas tous à cette description.
Dans les premiers concernés par les questions de la prévention des MST, par choix et aussi par défaut (le grand public et les médias les pointèrent longtemps comme les plus susceptibles – ce qui est faux – de contracter des MST), les gays prirent à partie dans les années 80 de faire la lumière sur les MST et d’informer aussi bien les gays que les hétéros sur les dangers des rapports non protégés. Certaines fausses idées et tabous sont tombés. Les gens ont ainsi pu être avisés des véritables dangers, trop longtemps ignorés ou minimisés, des MST.
Mais l’on constate depuis l’entrée dans le nouveau millénaire que les gays, qui ont pourtant si vigoureusement sensibilisé le grand public sur la protection lors de rapports sexuels, ont un certain relâchement à ce niveau-là. Pourquoi ? Force est de constater que l’avancée scientifique sur les maladies a rassuré les gays et les hétéros sur les MST, notamment sur le Sida. Même si aujourd’hui l’on trouve des traitements pour ralentir les effets du VIH, le Sida reste une maladie dangereuse et mortelle. Mais il semble bien qu’un faux lien fut fait entre les deux, et que beaucoup de personnes pensent aujourd’hui que les MST sont des maladies comme les autres, dont on peut facilement guérir.
De plus, il ne faut pas ignorer que tous les homosexuels ne pratiquent pas la pénétration anale. Certains se limitent juste à des caresses masturbatoires ou à des caresses génitales buccales. Certains homosexuels ont ainsi cru que de ne s’adonner qu’à des échanges masturbatoires et buccaux était sans risque, et ne se sont ainsi pas senti concernés par les campagnes de sensibilisation. Ce qui est faux ! Les MST se transmettant par le biais de contact avec des sécrétions sexuelles comme le sperme, que ce soit par la bouche, une plaie à la main. et le sang.
Une autre raison explique ce relâchement de la protection sexuelle chez les gays. Les préventions menées par le gouvernement pour les informer des risques ont de moins en moins d’impact, car celles-ci n’ont pas évolué en parallèle du comportement sexuel des homos. Depuis quelques années, on constate une recrudescence des rapports sexuels avec des partenaires occasionnels chez les homos, une lassitude face au port du préservatif, et une envie, en clair de souffler un peu.
Les gays sont donc bien moins réceptifs aux campagnes de prévention de MST que par le passé, parce que celles-ci ne sont pas adaptées à la réalité de leur besoin et de leur comportement sexuel.
Il est critique de constater que certains psychologues parlent de » risques consentis » chez les homosexuels qui ont des rapports sexuels non protégés. Pourtant, c’est malheureusement ce qui semble le plus proche de la réalité. La sexualité des gays a évolué, mais pas sa perception par les gouvernements et les médias. On oublie trop souvent d’aborder des points fondamentaux qui touchent la sexualité des gays, les questions de la fidélité, du nombre de partenaire, du dialogue. Tout simplement, car on a longtemps pensé que les gays avaient ce dialogue entre eux. Or, on constate avec inquiétude depuis peu que ce que l’on pensait pour acquis dans le milieu gay ne l’est pas du tout. Il réside encore une certaine pudeur entre les gays qui n’osent pas aborder avec leur partenaire des questions intimes : le nombre de partenaires, les rapports non protégés.
Les positions des gouvernements
D’après un sondage réalisé par le CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), 3 % des hommes en France sont homosexuels. Même s’ils ne représentent qu’une infime proportion de la population, leur place dans la société ne doit pas pour autant être ignorée. Pourtant, les gouvernements penchent plus leurs campagnes de sensibilisation sur les hétéros, engluant encore les gays dans une marginalisation sanitaire sexuelle, les rendant de moins en moins concernés par ce problème.
Le VIH et le Sida ont permis de relancer la machine préventive contre les MST en France dès les années 80. Tous comme les gays qui se mobilisèrent à travers des associations, le gouvernement décida de mener une vaste campagne de prévention pour prévenir les maladies sexuellement transmissibles, s’adressant aussi bien aux hétéros qu’aux gays (mais d’une manière plus restreinte et discrète pour ces derniers).
L’usage de la capote reste l’argument principal énoncé lors des pubs préventives pour contrer les maladies. L’incitation massive à aller se faire dépister dans des centres de dépistage anonymes reste également le point fort des campagnes sanitaires en France, et en Occident.
Cependant, les gays dénoncent souvent ces prises de position trop restreintes concernant la vision qu’ont les gouvernements et le grand public de leur comportement sexuel. Comme on l’a vu ci-dessus, les gays ne sont pas tous à mettre dans le même panier, en l’occurrence, celui de prédateurs sexuels enchaînant aventure sur aventure.
Certains psychologues et homosexuels ont donc pointé du doigt cette vision des comportements sexuels et amoureux gays pour amener les gouvernements à recentrer leurs objectifs.
Pour beaucoup, le chemin emprunté pour sensibiliser les gays reste trop flou et ne correspond pas à la réalité.
Qu’entendons-nous par-là ?
Il semblerait que les gouvernements centrent leur travail de prévention sur l’acte sexuel uniquement. Ils oublient cependant que pour éviter d’attraper des maladies infectieuses, il serait intéressant de rentrer dans l’intimité même des couples. Ce sujet semble pourtant encore tabou.
Par intimité, nous entendons le dialogue et la compréhension de l’autre. Beaucoup de gays n’osent pas aborder avec leur nouveau partenaire des sujets clefs qui pourraient les amener à mieux cibler leur attente, et surtout, contrer les maladies. Pudeur, crainte du rejet, incompréhension. Autant de points qui ne sont qu’à peine effleurés par les gouvernements et même les gays eux-mêmes. Pourtant, il a été démontré que l’une des manières les plus efficaces d’informer les gens et de les faire prendre conscience des dangers des MST passe par l’ouverture au dialogue dans un couple : parler de ses craintes, de ses anciens partenaires, aborder la question du rapport protégé et du test de dépistage.
L’idée préconçue qui veut donc que pour sensibiliser les gays, le seul moyen reste de se limiter à parler de l’acte sexuel est bancale, et surtout, de moins en moins efficace. Dans une société où les gays se sentent de plus en plus libres d’afficher leur orientation sexuelle, et de vivre en couple, l’idée de fonder un foyer a fait son bonhomme de chemin. Les gays aimeraient donc que les gouvernements se détachent de cette vision purement sexuelle de leur rapport entre hommes, et se concentrent sur l’aspect humain et spirituel de la chose, notamment en sensibilisant les gays (comme on a pu le faire pour les hétéros) sur l’importance du dialogue dans un couple, de faire fi de la honte ou de la pudeur d’aborder les anciennes aventures, pour mieux préparer les gays à entamer une vie de couple ou un échange sexuel sous une aura de confiance.
En clair, aujourd’hui, les gays ne se sentent plus concernés par les campagnes qui rabâchent sans cesse le port du préservatif. Et les choses doivent tendre à changer !
La prise de conscience de soi doit donc être étudiée comme chemin à prendre pour sensibiliser les gays, plutôt que la rengaine récurrente sur l’usage massif du préservatif.
Ne soyons cependant pas trop alarmants et négatifs non plus. Les gouvernements ont mis en place des actions concrètes et efficaces, notamment les centres de dépistages anonymes pour inciter les gens à aller en toute confiance savoir leur statut sérologique. De nombreuses cliniques donnent gratuitement des préservatifs, et surtout, la journée mondiale de lutte contre le sida mise en place en collaboration avec les gouvernements et des associations sont là pour rappeler la réalité du danger du VIH et du Sida.
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